Mais qui dirait, à voir ce patio intérieur si calme, niché au cœur d’un hôtel particulier du XVIIème siècle, que l’endroit fut un des lieux les plus animés, bruyants et excentriques de Saint Germain des Prés ?
C‘est ici que le Tabou, au 33 de la rue Dauphine, enflammait les nuits parisiennes, dès 1947. Un étroit boyau creusé dans la pierre, conduisait jusqu’à cette cave voûtée, où Boris Vian, Juliette Greco, Sartre, Beauvoir se sont déchaînés sur des airs de be-bop. C’était l’antre de l’ »existentialisme ». Jusqu’à sa fermeture en 1962.
Aujourd’hui le Café Laurent renoue avec la tradition, puisque tous les soirs un orchestre de jazz s’y produit dans une salle confortable du rez-de-chaussée.
L’après midi, le ravissant Hôtel d’Aubusson, qui le côtoie, offre un havre de paix idéal, pour y déguster un café, loin du tourbillon sonore du quartier.
On s’y réfugie après avoir musardé dans le quartier animé de Buci, plongé dans l’ambiance médiévale du passage du commerce Saint-André (l’arrière cour du Café Procope), flâné rue Visconti sur les traces de Balzac ou rêvé sur la petite place Fürstenberg où vivait le peintre Delacroix.
Une question « existentielle » : tous les promeneurs qui déambulent dans ce labyrinthe de rues étroites, les yeux rivés sur leur plan, rechercheraient-ils le tracé des anciennes ruelles sacrifiées par le baron Haussmann ?
Petitgrognon, en vacances…